05.06.2018 - Eunice O., 23 ans, Schaerbeek


Eunice Osayande, une jeune femme prostituée d'origine nigériane a été battue et poignardée à de nombreuses reprises pendant la nuit. Elle a été retrouvée en vie tôt le matin par une amie, entre le trottoir et la porte de l'immeuble où elle occupait une vitrine. Elle est morte à l'hôpital.

Le jour même, les prostituées du quartier ont décidé d'arrêter le travail suite à ce meurtre pour dénoncer l'insécurité dont elles sont victimes et l'indifférence des autorités qui, au contraire de les protéger, intensifient la répression à leur égard. Il y a quelques mois, une autre jeune fille a aussi été agressée, au point d’en être défigurée. "Ils finissent puis ils demandent qu’on les rembourse. Si on ne le fait pas, ils nous frappent et ils sont déjà loin quand la police arrive. Il faut parfois des heures pour que les policiers interviennent. Forcément, les agresseurs ont le temps de partir et ils savent qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent puisqu’ils ne sont jamais punis. Tout ce qu’on a pour nous défendre ce sont des tear gas mais ce n’est pas suffisant."

Au contraire de les protéger, les autorités de Bruxelles ville et de St Josse augmentent la répression à l'égard des prostituées pour les faire fuir du quartier nord. La semaine précédente, le conseil communal de St Josse a d’ailleurs pris la décision de fermer plusieurs carrées. Mais cette politique va laisser 150 femmes à la rue, où, sans revenus,elles continueront à se prostituer dans des conditions encore plus dangereuses, en devant payer elles-mêmes les amendes que leur inflige la police pour racolage.


La photo d'Eunice, accompagnée de la mention « Repose En Paix » a été affichée sur sa vitrine de la rue de Linné, à Schaerbeek. Des fleurs et des bougies ont été disposées juste devant, sur le trottoir.


Une cinquantaine de prostituées nigérianes se sont rendues à l'ambassade du Nigéria pour réclamer une protection. Une marche blanche en mémoire d'Eunice et pour faire valoir leur droit à la sécurité a été organisée le 14 juin, avec le soutien d'associations du quartier. La marche a rassemblé 150 personnes.

Le 20 juin, Saïm, un jeune homme de 17 ans connu de la Police et du Tribunal de la Jeunesse, a été arrêté sur base des images des caméras de surveillance et mis à disposition du Parquet.

Une rue nouvellement tracée dans le quartier nord, entre le quai des Péniches, en bord de canal, et le quai de Willebroeck, qui borde le parc Maximilien, porte désormais le nom d'Eunice Osayande. 

Le procès était prévu pour septembre 2021 mais il a dû être reporté à une date indéterminée parce que la cour n'avait plus aucun candidat juré masculin pour compléter le jury. Le tirage au sort avait déjà désigné huit femmes et trois hommes. Or, pour respecter la parité obligatoire entre hommes et femmes, le jury ne peut jamais contenir plus de huit jurés d'un même sexe... et aucun autre homme ne figurait parmi les potentiels jurés restants, trop peu ayant répondu à leur convocation. Un cas pareil est extrêmement rare.... et ce n'est sans doute pas un hasard.