Khadja Nin et Philippe Geluck soutiennent les associations dans la lutte contre les violences faites aux femmes (ook in het nederlands)




Depuis des années, en constatant les grosses lacunes sur le terrain, les associations féministes et services spécialisés qui agissent contre les violences faites aux femmes plaident pour un investissement fort des pouvoirs publics en faveur d'une politique cohérente et coordonnée dans ce domaine. Une politique qui implique un budget à la hauteur pour la mise en œuvre de mesures effectives dans les domaines de la prévention, de l'accompagnement et de la protection des victimes et de la poursuite des auteurs. Et cela de manière cohérente et coordonnée sur l'ensemble du territoire pour que toutes les victimes puissent en bénéficier et pour viser une réelle diminution des violences machistes.
De vrouwenverenigingen en de hulpverlening gespecialiseerd in geweld tegen vrouwen zien al jaren met lede ogen de lacunes op het terrein aan. Ze pleiten er al geruime tijd voor dat overheden zwaar investeren in een coherent en gecoördineerd beleid voor de strijd tegen partner- en intrafamiliaal geweld, met feminicide als triest hoogtepunt. Dat beleid moet voorzien in een budget dat hoog genoeg is om efficiënte maatregelen in te voeren in de domeinen van preventie, begeleiding en bescherming van slachtoffers en vervolging van daders. De toepassing/uitvoering moet geografisch doordacht gespreid zijn zodat alle slachtoffers er een beroep op kunnen doen en zodat men kan werken in de richting van een reële afname van machogeweld en feminicide.


En cette période de confinement, les besoins qui étaient déjà criants auparavant sont encore plus exacerbés. Une quarantaine d'organisations de terrain ont donc de nouveau interpellé les 12 Ministres des différents niveaux de pouvoirs membres de la « Conférence Interministérielle sur les droits des femmes » (CIM). A travers deux lettres ouvertes, ces organisations réclament la mise en place d'une série de mesures urgentes mais qui se poursuivent aussi au-delà de la période de confinement parce que les violences faites aux femmes vont elles aussi continuer.
In deze periode van lockdown is de schreeuw om hulp nog luider geworden. Een 40-tal organisaties die op het terrein werken, hebben daarom opnieuw de twaalf ministers van de IMC (interministeriële conferentie over de verschillende niveaus heen) over vrouwenrechten geïnterpelleerd. Aan de hand van twee open brieven (2 april en 17 april) eisen ze een serie dringende maatregelen zonder tijdelijk karakter want na de crisis loopt het huiselijk geweld tegen vrouwen gewoon door.


Depuis le début du confinement, une série de mesures temporaires ont été mises en œuvre, essentiellement portées par les régions et les communes en collaboration avec les organisations de terrain. C'est un bon début. Mais c'est encore largement insuffisant. Parce que, chaque jour qui passe, des dizaines de milliers de femmes sont à la merci de leur agresseur, parce que cette urgence sociale ne s'éteindra pas à la sorte de la période de confinement, il est indispensable d'agir, tout de suite et pour le long terme, notamment avec un investissement fort du pouvoir fédéral à travers ses compétences de prévention, de justice et de police.

Van bij het begin van de lockdown werd een serie tijdelijke maatregelen genomen, voornamelijk door de gewesten en de steden/gemeenten in samenwerking met de organisaties op het terrein. Een goed begin, maar ruim ontoereikend. Want elke dag zijn tienduizenden vrouwen overgeleverd aan hun agressor. Deze maatschappelijke urgentie zal niet uitdoven wanneer we in exit gaan. Er moet onmiddellijk en op lange termijn gehandeld worden. Meer bepaald de federale overheid dient een ruime inspanning te leveren op gebied van preventie, justitie en politie.

C'est dans ce sens que la chanteuse Khadja Nin et le dessinateur Philippe Geluck ont spontanément contacté ces organisations pour appuyer leur démarche. Voici leurs messages :
« Vous qui êtes confinés dans la douceur et l’amour d’un foyer et qui pourtant trouvez le temps long, fermez les yeux quelques instants et faites l’effort d’imaginer ce qu’est la vie de ces milliers d’enfants et de mamans confinés dans la violence … moi, ça me brise le cœur. Les enfants ne sont pas des témoins, ils sont les premières victimes de cette violence.
Il est urgent de passer des promesses et des paroles aux actes vrais. Les violences faites aux femmes doivent (enfin) être une priorité pour les décideurs dont la mission première est de protéger les plus faibles et les plus vulnérables d’entre nous.
Les féminicides ne sont pas un simple exercice de comptabilité macabre. Ils sont le point culminant de violences subies par les femmes durant plusieurs années dans la solitude et l’isolement. Derrière chaque chiffre, il y a des vies brisées, détruites. Les violences conjugales sont des tragédies qui ne laissent derrière elles que des familles dévastées et des enfants orphelins d’une mère tuée par leur père. Comment grandir et se construire après ça ?
Les femmes victimes de violences conjugales ont plus que jamais besoin de nous. Elles ont besoin de chacune de nos voix puisque la leur est muselée, niée, rarement recueillie. Elles ont plus que jamais besoin de l’alliance de toutes les forces pour exiger des autorités en charge que leur protection soit en tête des priorités, surtout en cette période de confinement à durée indéterminée… et au delà…
Voilà ce qui ma poussée à m’engager au côté des associations qui luttent quotidiennement contre les violences faites aux femmes et, pour moi, c’est un grand honneur. »
Khadja Nin - Artiste

« La première fois que j’ai entendu parler du confinement, ma première pensée, ma première angoisse a été pour les femmes et les enfants victimes de violences conjugales et intrafamiliales. Il me semblait inimaginable que l’on consigne les proies et leur tortionnaire. Il y aurait des drames, il y aura des drames, il y a déjà eu des drames.
Nous tous, citoyens et pouvoir politique, avons un devoir absolu de fraternité humaine dans cette situation d’urgence absolue. Les pouvoirs publics, en allouant davantage de budgets aux associations, maisons d’accueil et service d’écoute téléphonique, et, nous, les citoyens, les voisins, parfois les amis, en ne tolérant aucune de ces violences impardonnables. Avec nos moyens : en signalant, en intervenant seul ou à plusieurs, en protégeant, en accueillant et, parfois, en dialoguant avec les agresseurs. Car nous ne supportons plus, dans une société dite civilisée, que des femmes et des enfants se fassent détruire par une bête furieuse.
L’agresseur est-il lui-même désemparé (trouble psychique, alcool, drogue…) ? Peu importe ! Ces troubles se soignent, et il faut aussi les accompagner. La majorité des hommes condamnés pour violence conjugale, ayant suivi un stage de réflexion et de probation, n’ont pas récidivé. C’est important à savoir.
Quoi qu’il en soit, ces violences doivent cesser. Les victimes doivent être protégées par tous les moyens. Les agresseurs doivent être lourdement sanctionnés, éloignés de leurs victimes et soignés. Tout cela demande certes des budgets mais l’urgence est telle qu’il faut les allouer sans attendre. Notre civilisation ne peut s’enorgueillir de sauver des vies face à la pandémie et laisser mourir des mamans, des compagnes et des enfants sous les coups assassins d’hommes enragés. »
Philippe Geluck

Comme le soulignent les organisations mobilisées : « Le gouvernement fonctionne aujourd'hui sur base de pouvoirs spéciaux qui lui donnent la possibilité de décider rapidement de mesures urgentes en dégageant les moyens nécessaires pour garantir leur effectivité. La préparation de la sortie du confinement est aussi en travail pour l'instant. Il est essentiel que la lutte contre les violences faites aux femmes y ait une bonne place pour garantir enfin le plein respect de la Convention d'Istanbul avec une politique globale, cohérente, coordonnée entre tous les niveaux de pouvoir et financée comme il se doit. Enfin tout ceci doit se faire à travers une meilleure collaboration entre les responsables politiques de tous les niveaux de pouvoir, y compris communal, et le monde associatif de terrain pour garantir l'adéquation et l'efficacité de cette politique. En connaissant l'étendue des violences entre partenaires y compris en temps normal, il en va de la sécurité et de la vie de dizaines de milliers de femmes en Belgique. »
Zoals betrokken organisaties onderstrepen: “De federale overheid werkt vandaag met speciale volmachten die haar de mogelijkheid bieden om snel dringende maatregelen te nemen en daartoe de nodige middelen vrij te maken. De exit-strategie wordt momenteel voorbereid. Het is van essentieel belang dat de strijd tegen geweld op vrouwen daarin een eigen plaats krijgt om zo het Verdrag van Istanbul ten volle te respecteren met een globaal, coherent en gecoördineerd beleid tussen alle niveaus en behoorlijk gefinancierd. Dit alles via een samenwerking tussen de politiek verantwoordelijken op alle niveaus (het lokale inbegrepen) en de verenigingen op het terrein, ter garantie van een adequaat en doeltreffend beleid. In normale tijden is partnergeweld al geen voetnoot. In crisistijden gaat het in ons land zeker over de veiligheid en het leven van duizenden vrouwen”.