20/10/2025 - Élisa, 30 ans, Gozée
Élisa, une policière à Charleroi âgée de 30 ans, s'est suicidée en uniforme avec son arme de service.
Le parquet de Charleroi a confirmé qu'Élisa avait déposé plainte pour des faits de harcèlement sexuel et de viol à l’encontre d’un officier de la zone de Charleroi, mais qu'il n'y avait pas eu de poursuites pénales "pour motif de charges insuffisantes". D'autres policières de la zone avaient porté plainte pour harcèlement à l'encontre de l'un de leurs supérieurs.
À la suite du suicide d'Élisa, le parquet a ouvert une enquête. Selon lui, "un motif personnel et d’ordre privé est à l’origine du geste fatal", malgré le fait que la mère d'Élisa ait indiqué que le message d'adieu de sa fille désignait clairement ces violences comme la cause de son geste.
La jeune inspectrice avait notamment bénéficié d'un suivi pour stress post-traumatique. Sa mère pensait que tout était derrière elle, mais elle a témoigné qu'Élisa craignait de recroiser son supérieur. "Elle avait repris le travail, mais elle craignait qu’il puisse revenir comme si de rien n’était", confie-t-elle. "Pour moi, c’est l’une des raisons principales qui l’ont poussée à passer à l’acte." Selon la mère, sa fille avait été très claire dans sa lettre d’adieu et rien dans sa vie personnelle n'explique son geste.
Cette contradiction entre le vécu de la victime et l’évaluation du parquet a provoqué un choc parmi sa famille et au sein de la police locale et a suscité une forte émotion dans la région. Son suicide a également entraîné des réactions politiques, avec des appels à ce que le Comité P examine la situation et évalue d’éventuels manquements de la hiérarchie policière.
La mort d’Élisa souligne les limites des dispositifs de soutien existants, comme le Service d’Assistance Policière aux Victimes, et interroge sur la capacité des institutions à protéger leurs membres lorsqu’iels dénoncent des abus internes. Pour sa famille, le geste d’Élisa n’est pas un acte isolé mais le symptôme d’un échec institutionnel qui aurait pu être évité si ses plaintes avaient été correctement prises en compte et suivies. Elle continue de réclamer justice et transparence.
Élisa était la mère d’un petit garçon.
Note : StopFeminicide observe trop souvent cette manière d'effacer la responsabilité des violences subies dans la mort de la victime, ce qui invisibilise et protège les agresseurs, comme dans le cas de Julie, 14 ans, qui s'est suicidée en 2021. Là aussi, la justice avait conclu qu'il n'y avait pas de lien entre son viol collectif dans un cimetière et sa mort quatre jours plus tard.
Sources : 7sur7, 27/10/25 ; Sudinfo, 27/10/25
